Sama Issa
(Oman)

Texte inspiré de «Monument aux morts»
oeuvre sculptée par l'artiste lodèvois
Paul Dardé (1888 - 1963)

Sama Issa

Attentivement,
Depuis la montagne lointaine
Les yeux de la Sainte Marie
Te regardent avec admiration,
Alors que tu dormais
Dans ton silence sacré.
Le silence des prophètes,
Le silence des martyres.

Les enfants de Lodève sourient aux étrangers
Toi aussi, tu sourit
A tous ceux qui mettent
sur ta tombe
un bouquet d'amour,
Arrangé de roses paysannes
Et des lamentations des mères.

Autour de ta tombe
Couverte d'ombres de platanes
Geants,
Les enfants jouent
Les amoureux se déploient.
Les cloches des églises sonnent
La gloire de tes yeux
qui émettaient aux cieux
L'éternelle beauté.

Une femme se lamentait
Tout en laissant
Tomber ses cheuveux dans la terre.

Des femmes et des hommes
Regardaient ton corps couvert du linceul
Ton corps, duquel la vie ne surgira point.

Couverts d'un eternel silence,
Deux enfants regardaient
la mort,
Alors que dans leurs yeux
Le triste silence des anges
Brillait comme un exil.

Devons-nous marcher ensemble
Dans les ruelles désertes et muétes
De Lodève,
Qui exhalent l'odeur
D'un sang confus et innocent ?

Devons-nous nous diriger
Vers la rivière de Soulondres
Qui coule en se pavanant
Comme des larmes d'enfants
Qui, même morts, ne cessent pas de pleurer ?

Devons-nous écouter les vents
Humectant
Les tresses de jeunes filles
Qui se lavent de larmes
De roses s'éclorant
Sur les rives du lac du Salagou ?

Laisses les enfants de Lodève
Commetre
Cette beautè cosmique et créatrice
Et bats des ailes, comme un ange sacré,
Survolant la cathédrale Saint Fulcran.

Dors pour toujours
C'est digne de ton sang
qui s'infiltre chaud
Aux trefonds de la terre,

Dors pour toujours
C'est, vraiment, digne
Du soleil de ta gloire
Perpétuellement resplendissante
Comme les coeurs des prophétes.

Août 2009
Traduit par Chihab Bouhani

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