Qassem Haddad

Qassim Haddad Laisse l’ange prendre possession de toi
Chaque fois que tu bois le verre rempli de l’oubli du raisin
Laisse-le
Il sait évaluer la distance
Entre le verre et les lèvres sculptées par la passion
Tu verras combien est éblouissante l’oscillation
En compagnie d’un ange
Il t’abreuve et il te raconte
Ainsi tu atteins l’extase
Dans l’explosion des flammes frustrées
La saison du premier souvenir
Raison résistant à l’oubli
Laisse-le
Un ange qui s’empare de toi comme de la soif
T’ouvre le chemin
Efface le sommeil caché dans tes rides
Et sculpte le réveil des possibilités
Laisse-le
Te prendre comme l’éclair de l’amour
Ange est l’écriture

L’étourderie des bouteilles

J’ai découvert tes textes courts
Dans mon cahier j’ai caché le ciel
Et marché seul
Sans m’endormir sur la nuit des lettres

Si tes lettres courtes étaient la porte du ciel
J’aurais gagné les paradis
J’ai préparé le flacon alibi de l’eau

En nous sculptant, la distance a débordé
Le tabac a durci
Le vin est le double du dire
Si nous avions partagé les bouteilles distraites
Comme des couleurs
Nous aurions dessiné notre poésie
Nous aurions cassé le soupir du soleil pour le distraire de nous
     Dans l’astre trahi
Ou bien eu du remord avant de nous dessouler de la mort légère
Comme si nous étions ensemble

Une soirée plus longue que la nuit

Un petit fleuve sur la table de la nuit
Des cœurs venus des continents captifs
Des cartes effacées
Des astres lointains
Cœurs sauvés de la géographie du voyage et du séjour
L’amour de la nature surgit dans ses rides
Ils sont là à trinquer les verres rares
Revenus de leur dispersion
La table de la soirée s’est élargie
Dans la nuit de Paris
Les peintres
Les poètes
Les écrivains
Les amants
Les chanteurs
Les musiciens
Les architectes du port
Les pirates de l’imaginaire
Les bâtisseurs des préfaces
Ceux qui révisent les illusions
Et classent les blessures
Les calligraphes
Les houris de l’enfer
Les cochets du bonheur
Et les femmes à la longue patience
Secondent leurs hommes pour les soustraire à la fascination
Des verres
Surgis de l’ivresse du fleuve
Vin thésaurisé par des Italiens sages
Mûri  pour séduire la nuit
Fait pour tenir compagnie à la solitude du serveur
Et à la tristesse de l’étranger
Vin qui ranime le plaisir de la mer
Soulage la mémoire
Sculpte les poissons du cuisinier
Aide les trébuchements de nos pas
Libère l’énergie de la langue
Quand les épaules s’affaissent
Rangées autour d’une table à saveur de nuage
Le beau maestro de la soirée se met debout
Foulard tissé avec de la soie d’or
Dégage le parfum de son amitié
Dans l’alphabet de la table
Et guide le mouvement des carafes et des verres
Dirige de son doigt marqué par le chariot de l’eau
Le mouvement des astres égarés
Qui boivent et se confient
Là où se réchauffe le discours de la peinture et de l’écriture
Nuages des âmes ici
Remords séducteur ici
Et ici une possibilité d’oubli
Poissons légers sur la page d’un livre frais
Poissons qui auraient aimé voler sur le palanquin de l’assiette
Nuée de crustacés oubliés dans le cahier de la mer
Venus lire notre avenir dans le vin
Sur une table plus longue que la nuit

Logique de l’histoire

Ton histoire quand que tu vis le remords
Est dictionnaire qui fausse le vrai sens
Ton histoire
Est râle de l’assassiné
Son sang disparaît  puis ouvre la voie
Accablée par les éclats de la langue
Trébuchant sur les livres
Dans son chemin sur la terrasse de l’aveu
Ton histoire
Ecrite par une femme qui te ramène par son vin
Par son tabac humide
Et sa splendeur déçue
Femme qui épelle la liste de ses échecs
Au moyen des verres échangés avec la tempête
Dans le controverse de la fermentation de l’ivresse
Désire
Elargit
Se passionne
Délire
Affronte
Et cogne contre l’air qui la déçoit

Une femme t’écrit
Rédige l’histoire
Qui a fourni l’archive du désir et l’anthologie des braises
Une femme qui guette ton remords
Meuble son avenir avec ton patrimoine
Et veut que tu oublies

Le Métro de Paris

Noue ton courage
Lorsque tu prends le Métro de Paris
Qui t’enlève par la force
Jeune homme qui s’émiette
Entre ses mains
Une fille surgit entre ses bras
En accord avec l’écoulement de la lumière fade
Et il brille dans les fissures de la terre étroite
Les obscurités avalent les chariots déchaînés
Balancent le jeune homme fier de son bras et de ses miettes
Indifférent à une personne comme toi
Il échoue à cacher son tremblement à force de crier
Le fer touche les pneus d’acier sur le rail de l’éclair
Et s’étonne quand s’entrechoquent les ossements des pneus
Sur le ciment d’une obscurité enfouie sous terre
Inutile ton courage lorsque tu te lamentes dans le chaos des labyrinthes
Métro de Paris
Tu crois le prendre
Il te prend

La position d’Anniffari

Disparais ô Anniffari
Toi qui a consolidé nos erreurs par le salut de la mort
Pour ne pas mourir à plat sur nos visages

Disparais
Ô toi le vrai qui reporte nos destins
Nous, choisi dans le texte
Nous, polis dans les dictionnaires en éveil
Pour que nous dormions
Disparais
Meurs en paix

La folie s’étourdit en nous
Chaque fois que se réveille un désir dans la méditation
Anniffari qui t’attendris sur nos désespoirs
Ne meurs pas comme nous
Disparais
Chaque fois que nous sommes seuls
Ah si nous n’étions pas morts avant nos rêves


Plume ou aile

(Pour Lobna Al Amine)

( 1 )

Plume ou aile
Cette rose qui se repose sur le vent
Que lui restera-t-il de tes cadeaux
Si elle avait touché  le rêve
Si elle avait exagéré dans l’attente du matin

***

Un cri dans la tribu des gitans
Ils ont la part des braises dans le vent
Et l’eau dans le fleuve
Ah si celui qui a dessiné les orages s’était protégé dans la dernière chemise
Pour que le danger se rassure

***

L’étoile du cœur est dans le sommeil
Dans une rose dont dieu distille sa couleur dans son eau
Ouvre la porte des explications
Alors que ses noms allègent le poids du signifiant
Une étoile qui crée ses rêves par les détails
Qui a-t-elle de plus que celui qui sculpte les plumes des doigts
Afin que le papillon ne dorme pas dans son sommeil

***

Si seule la rose de la poitrine
Paradis halluciné en pensant au goût des paradis
Buvait dans la vigne des gens 

( 2 )

Peut-être
Peut-être

Les doigts ne sont qu’étoiles qui veillent
Pour que le rêve prenne place dans le livre

Peut-être
Peut-être

La tristesse des ombres n’est due qu’à nos ombres
Elle nous désire
Séduit les guides
Et l’écriture se perpétue dans le rêve
Nous, si seuls.

Peut-être
Peut-être

L’aile est maintenant dans la plume du vent
Dans le rêve ordinaire

Peut-être
Peut-être

Dans la nuit qui précède le matin

(Traduction : Vénus Khoury-Ghata et Issa Makhlouf)

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