Nadia Azzaoui Ghalem

Nadia Azzaoui Ghalem La nuit est profonde dans le ciel
Là-haut les constellations pour déchiffrer les chemins du jour
Peu à peu l’aube rougeoie à l’horizon
Une ondée de lumière fait pâlir les étoiles
Les regards se lèvent et commence la marche
Il est temps pour les dunes de s’habiller
Des vagues du vent

Au bout de mes insomnies
Je te porte sous mes paupières
Et sur ma peau
Je t’ai respiré et transporté
Partout dans le monde
Je suis toi tu es moi
Océan de sable à la rencontre du ciel
Sous mes paupières
Ô désert
Ô Sahara pays de ma mère

C’est là qu’ils ont tracé des silhouettes
Sur les parois des grottes
Et laissé les empreintes de leurs mains
Ils ont couru et chevauché
Sur les chemins parallèles
À la route de la soie
C’est là qu’ils ont chanté les lèvres des femmes
Et leurs silhouettes de gazelles
Chante chante encore Hyzia
Ô désert
Sahara pays de mes pères

Les envahisseurs ont dit les tribus et il avait des peuples
Impossibles à asservir mais à convertir
Par leur propre volonté
C’est vous les Mourabitounes
Qui, du Sénégal à l’Andalousie
Et de l’Ouest au centre avez récité
la parole qui libère
La parole de nos pères et mères
Avec le calame et l’encre sèche
Vous avez tracé les signes de cette calligraphie
Qui illustre les volutes de la pensée et du souffle
L’aube se lève ouvre les yeux
Et vois ces vagues d’or qui déferlent
Soumises au souffle du vent
Sirocco nuageux sirocco
Qui chuchote la voix des ancêtres

Le soleil se lève
La rose des sables brille de mille feux
Et là-bas, le chott fait miroiter le sel
Cette eau mirage pour le voyageur assoiffé
Désert de roses et de sable désert de ma vie
Carré de sable de mon enfance
Les dunes rondes et douces comme un sein
Se laissent décoiffer par le vent
Plage sans fin la Méditerranée est loin
Sahara sépulture d’ancêtres
Territoire de mes pères
Mourabitounes du Sénégal à l’Andalousie
Khelifias de la Libye au Rif
Désert de roches burinés par le vent
Désert de sable ou les pas s’effacent déjà
Désert de la soif du corps et de l’âme
Là ou le ciel se joint à la terre
Là au bout du souffle se trouve peut-être
La porte qui mène à l’esprit lumineux
Et nous cheminons, voyageurs invisibles
D’oasis en oasis vers l’Esprit vers Lui
Qui apaise et réconforte
Mais y arriverons-nous jamais ?

Envoûtant désert
Plage immense entre les cités africaines
Et méditerranéennes
Des pyramides à l’Atlantique
Je pense à toi désert
Des pyramides à l’Atlantique
La tête dans les étoiles
Et les pieds dans la chaleur soyeuse des dunes
L’eau de tes oasis coule encore dans mes veines
Je suis à toi Sahara tu es à moi
Je suis toi tu es moi
Chemin pour le cœur et l’âme
La nuit tombe, les étoiles s’allument
Livre écrit et ouvert sur la Voie
Tu es à moi désert

Nadia Ghalem, journaliste, romancière, nouvelliste , dramaturge et essayiste. Elle vit au Canada

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