Touria Ikbal

Péface : par Mohamed   Serghini

A la lecture de ce recueil poétique, dîwâne consacré totalement à l’amour inspiré par la sphère mystique, j’ai senti l’infaillible frisson  qui, d’habitude, me traverse de  haut en bas à la suite de chaque riche trouvaille. C’est ma façon à moi d’extérioriser mon   admiration et mon enchantement. La magie du verbeme fait survoler de lointaines contrées. Une sorte d’ascension intérieure.
Exprimée/révélée à travers une écriture féminine, la vérité de l’amour atteint l’apogée de son expressivité alors que quand il s’agit d’une écriture autre surtout masculine restant prisonnière de l’apparent, l’amour n’exprime que la routine biologique, routine à laquelle se lie le charnel dans ses grandes dimensions. C’est d’ailleurs le cas de la poésie amoureuse héritée du passé. L’au- delà  fait le  bonheur et la joie des notions  ressenties et  vécues par l’Etre humain, c’est ce qui se dégage  d’emblée des poèmes de  ’’l’épître du désir’’, car ceux-ci donnent une image sincère du noble  sentiment qu’est l’amour ; en plus ils le couvrent d’une vraie  compréhension en se faisant devoir de tracer les lignes illimitées de son parcours.

 Un itinéraire équivalent au voyage mystique.
Me voilà donc invité à entreprendre une lecture qui se fait également devoir de dévoiler le sens de l’amour tel que  vu par Touria Ikbal. Pour ce faire, il faut tracer les limites d’une distance séparant le Moi émetteur du Moi récepteur. La nature a voulu que l’amour se passe entre deux êtres de sexe différent, deux pôles dont l’un dans l’autre mènent une même vie, deux Moi entre lesquels se déroule un temps versé dans un espace restreint. La mouvance de l’un ne dérange pas la restriction de l’autre. Aussi, y a-t-il a un cogito c’est à dire un ensemble d’étapes à franchir, psycho corporelles puis mystico extatiques.
L’étape psycho corporelle se compose d’éléments qui provoquent la délectation ou l’amertume au gré de leur présence ou leur absence. Le désir ressenti par les deux Moi l’un envers l’autre leur donne le goût de vivre communément et réellement dans une fusion totale.
Dans le cas d’une rupture forcée, la nostalgie est là Pour exprimer l’espoir de retour à l’état rayonnant du désir. Et si cette rupture se prolonge et demeure inévitable, le vertige qui, remuant l’intérieur de ces deux Moi, devient un signe de refus de cet état actuel des choses. Et quand cet état actuel des choses s’aggrave afin de devenir un effacement du désir, l’égarement bouleverse  la sérénité intérieure de ces deux Moi et ouvre grand la porte à l’angoisse, celle-ci, à son tour, offre un refuge paisible à la  mélancolie.
Une série donc de conjonctions et de ruptures qui fait la pluie et le beau temps de l’un dans l’autre.
L’étape mystico extatique se compose d’états qui se succèdent d’une manière enchaînée, de façon à ce que la postériorité dépende de l’antériorité. Le rêve divin qui est le point de départ exige la présence permanente de la nécessité, celle-ci n’a d’existence réelle qu’àtravers la connaissance laquelle, jouissant de la maturité puis de la pureté et de la fécondité, donne naissance à l’errance, celle-ci facilite l’accès à la station du dévoilement  là où la Certitude et l’Eternité, une fois acquises, forment un pont de traverse.
 Au terme de l’acte de traverser se dessine en même temps le point de départ et celui d’arrivée.
Le lyrisme de la poésie de Touria Ikbal diffère  radicalement de celui qui se base sur une rhétorique formelle, c’est à dire, celui qui évoque le cas d’un romantisme calqué. Car, Touria fait jaillir son lyrisme de  sa propre nature. Elle le puise dans les œuvres des grands  maîtres soufis (Ibn Al Arîf de Tanger). Un vrai amour ne peut être conçu et transmis que lyriquement.
C’est une règle qui a toujours été observée par les grands chantres de l’amour comme Jalâl Ad-dine Rûmi. Derrière les belles paroles de cette épître , il y a une soif de dévouement à l’Etre transcendant pour lequel ce chant a été composé.

La transparence d’un langage qui doit son éloquence à sa simplicité et l’économie du verbe habilement utilisée pour dire le maximum par le minimum, donnent à  la poésie de Touria Ikbal une saveur purement personnelle.
- ’’Que deviens-tu ?’’
- ’’plus que désir et passion’’
- ’’Où es-tu ?’’
- ’’Toujours en toi

l'épître du désir

Aux cimes de la perplexité                        
se situe le dévoilement

Aux confluents des contradictions
apparaît la certitude

Aux foisonnements des couleurs
naît l’immaculé

Aux fonds des germes du désir
naît l’infinité des possibles

 

Je jure
de te chérir
jusqu’à ce que s’éteigne
ce qui n’a jamais été
et que reste
ce qui n’a jamais cessé d’être

Ibn Al Arîf


                                         


Sur le chemin de notre amour
les temps se  croisent
Je viens vers toi accablée par mon passé
tu me transportes vers un avenir
enfoui dans le désir
Je t’implore d’un présent qui renvoie à l’éternité
Souffle d’onction et d’humilité
Nostalgie parmi la nostalgie
Désir dans le désir
Tu es en moi
Tant que je suis en moi

L’heure est à toi
Je t’appelle 
L’écho d’une musique céleste
me caresse les oreilles

  -c’est toi ?
  -oui, c’est moi
  -quand es-tu revenue ?
  -Je ne suis jamais partie
  -Que deviens-tu ?
-  plus que manque et vide sans toi 
  -Où es-tu ?
  -en toi

Tu es l’équivalent de mon bonheur
le sens de mon émoi
Factice est tout lien avant et après toi
Je me rétrécis
tu t’élargis
Je découvre en toi
jubilation et joie
Tu es une danse faite pour moi
Je tourne de cercle en cercle
embrasée par l’ardeur du désir
Les louanges des chantres exaltent
Les élans des passionnés éclatent 
De ma bouche
ils empruntent chant et soupir
Entre eux, je te vois
Dans chacun, je te vois
Entre toi et moi, je te vois
Entre moi et moi, je te vois
Toute forme est la tienne
Je danse en toi et pour toi
Je tombe en toi et me lève de toi
Dans le ciel
        tu es ciel
Sur terre
        une distance non ployée par les pas

La nostalgie a soif ma nostalgie
et de moi le monde se ressource de désir


J’enfonce
sans cesse
le couteau dans la plaie
de l’absence
afin que mon désir
pour toi ne guère
s’apaise

 

 


Dans la matrice de l’immensité
je te porte une éternité
je te porte un sens
mûrissant dans mes entrailles
jusqu’à la vieillesse
de moi tantôt s’approchant
tantôt se détachant
s’agitant
aux grés de mes vicissitudes
grandissant
                    grandissant
grandissant

Vertiges et égarements
me taraudent
et les ouragans de la passion
Subitement
un appel à l’existence de toi s’empare
et le désir de paraître afflue en ton être
Mon corps refuse la désunion
Mes sens crient angoisse et tressaillement
Tu t’obstines à prendre forme
J’acquiesce
Tu éclates des replis de mon être
un sens  qui meut toutes les lettres
Tu jaillis de la glaise de mon indigence
une lueur perçant le voile de l’ignorance
Tu t’extirpes hors de moi
au fin fond de l’univers
emportant le sens de ma quintessence     
me léguant la perpétuelle quête de ton essence
et la nostalgie le secret de mon existence
Corps mutilé
cœur supplicié
je ne suis désormais que le reflet de ton reflet
l’ombre effacée au fond de ton miroir
le désir en moi brûle de désir de te voir   
Mes forces s’ébranlent


Des états d’une effarante complexité 
de moi s’emparent 
                    arrachement
          déchirement
   propos
             recueillement
  enivrement
                  dégrisement 
                       délaissement
  relâchement 
                  nostalgie
          ironie
                       angoisse
               mélancolie
   lassitude
                  folie

A part toi

y a t-il une vérité
Tu es la vérité des vérités
la substance de l’unicité
Au tréfonds de moi
tout est confusion
la force est faiblesse
le doute est certitude
la joie est empreinte de tristesse
je ne sais plus qui je suis
je voudrais hurler ou murmurer
peu importe : 
Que m’importe
tout ce qui n’est  pas toi 

Ô seigneur
suprême
de la beauté
Descends les marches de l’éternité
Prends le large des ténèbres
Chevauche les vagues de la passion
Emprunte les voies houleuses du désir
et
Transperce
de ta lumière
le simulacre
des temps âcres
des âmes médiocres
des étendues affres
puis
Dépose
dans la germe de mon essence
la dernière graine de ta connaissance
Plus les flammes
de l’absence
alimentent
le feu du désir
Plus le rêve s’attise

 

Aux confins
du rêve divin
notre union attend
parmi les entités immuables
l’énergie spirituelle
capable de la conserver 
jusqu’à maturité
pour l’actualiser
dans la nécessité

Tu es la nécessité
de ma liberté
et la liberté
ma nécessité

En toi
l’unité se réalise
dans la multiplicité

Je voudrais te compénétrer
corps cœur et esprit
Je voudrais m’infuser 
dans l’éclat de tes sens obscurs
et m’en hisser dans rêve exquis
le rêve me transporte
dans tes sphères nuit et jour
balayant ton absence
et retissant
la trame de mes espérances
Toi et moi
sommes un délicieux rêve
cherchant une nuit éternelle
abritant pléiades et voies lactées
Des fils de lumières enchevêtrés
se faufilent et se tressent
surgissent et se tissent
en voile de désir
couvrant notre nudité originelle
et nous emportant loin
dans le monde des subtilités

Je suis par mes rêves et toi
hantée
Ma révolte contre moi se révolte
Je te vois et te sens
mais
tu demeures hors de ma portée
Autour de moi
un énorme tumulte
le temps s’arrête
l’espace se transforme en carrés lépreux
se renfermant sur des corps hideux
La charpente de mon âme
frôle l’effondrement
Seul
un mince fil de ton firmament
m’empêche de déchoir
Le désir en moi brûle de désir de te voir
Tu es l’espace de ma pureté
exempt d’erreurs
et de péchés

Tu es le coin de ma conscience
inaccessible aux remords
et aux regrets

J’erre dans tous tes sens
Je te vois une île
susceptible d’abriter mes illusions
Je pérégrine
et chemine vers ton éden
là où les rêves
ne sont pas froissés
où l’amour est panacée
où les êtres oniriques
s’abreuvent de beauté

Tu es l’essence
de mon entité

Tu es mes moitiés
et
mon équité

De ta vue
   je m’exerce à regarder
De ta voix
   j’apprends à écouter
De ta langue
   je m’entraîne à délecter
De ton absence
   je découvre la distance

Ton éloignement
dénonce la précarité
de mes proximités
Tu n’as point de mots
ni de propos précis
L’expression
quelque soit son ampleur
te rétrécit

Tu es ma fierté
et mon humilité

Je suis un peu de toi
Tu es ma totalité

Tu es la vérité
dont je suis issue

Par ton immensité
je brise l’étroitesse
du monde
et sa médiocrité

Dès
que tu apparais
mon secret
se dévoile

L’immensité
t’enveloppe de silence
et te met dans mon berceau
Le monde
tisse un habit en brouhaha
de vacarme orné
et t’en couvre d’assaut

Tu es le dernier son
Blotti
dans la dissonance
de l’univers

Sourdes toutes les voix
qui ne mènent pas
à ta résonance
Pour toi
je me multiplie
et me rassemble en un

Pour toi
je sombre dans le pas
insensible
aux péripéties du chemin

Pour toi 
je fuis le confort des palissades
édifiées à la hâte
vers l’humiliation
du questionnement
et ses  tourments
   A
ta rencontre
l’ appréhension me précède
L’envoûtement 
me brouille la vision
Je te vois ombragé
sous les voiles de la stupeur
Je désire en toi désir
et consomption
Je m’apprête à te conquérir
et assiéger tes sens de désir
puis
transgresser
miraculeusement
ton ambiguïté
tel
un charme rompu
je voudrais emprunter
la paume de ta science
et la déposer
sur mon cœur effaré
accueillant
ses battements saccadés
apaisant son angoisse
d’avoir si longtemps habité
un corps et une âme
languissant
de ta proximité
Tu es le sens de l’amour
et son équivalent
Esseulé
Tu te dresses  dans un univers
sans équivalent
 
La beauté
     est ton nom

L’amour
      ton foyer

La déraison
      ta patrie

Le silence
       ton secret

Tu es le secret
immanent  
de mon existence

Tu es le mystère
présent
par l’absence
Tu es le poème de ma vie
que je voudrais vivre
jusqu’à la douleur
je voudrais m’y fondre
et m’y confondre
sans le laisser se détacher de moi
des phrases accaparées
par des feuillets
en proie d’un lecteur
aux aguets  
Nulle
absence
ne
 menace
ta présence

 

Le voile de l’éloignement
couvre le désir de paraître
le monde
m’emprisonne dans un corps
qui ne peut se hisser vers toi
et m’assiège dans un espace
où je n’ai point d’attache
Tout en moi
crie dégoût et désarroi  
le temps me noie
dans des heures
atteintes de phobie de la joie Je rêve
d’être
loin d’ici
près de toi

je voudrais occuper
ton immanence
inaccessible
aux dépassements
de l’absence
et à l’étroitesse
des espaces

Oh !
si tu savais
Ô mon bien-aimé
J’aurais aimé
que tout ce qui s’est passé
ne soit qu’une éternité renouée
un souvenir en dette
dans les replis du passé
Mais 
ce qui s’est oniriquement passé
est un secret
sacré
Ni futur ne peut le contenir
ni passé
C’est un présent
sidérant de sa  présence
présent
futur
et
passé

La dernière trouvaille de l’amour
sommes nous

Le monde nous a découvert
tapis dans le nid de la tendresse
drapés dans le voile de la finesse
 
Nous sommes l’instant propice
d’un temps en voie de disparition
les acquisitions d’une antiquité
délectable par expérience
La contingence
nuit à notre intimité
dévoile nos profondeurs
jusqu’à la nudité
bafouant notre complicité

Seule
ta mémoire peut conserver
nos souvenirs
à l’abri des curiosités
J’ai besoin de ta présence 
pour charrier mon absence 
et de tes attributs
variés par le goût
diversifiés par la beauté
pour couvrir ma nudité
face à l’horreur
et la cruauté
 
Tu es
tous les hommes
mais
les tous hommes
ne sont pas toi

Sans toi
je n’ai que la solitude
qui m’enlace
m’enveloppe
me contient
et me porte
loin de toi
et
loin de moi

Je rêve d’être  tes côtés
je meurs de t’entendre
me nommer
les innommés
me dire
l’indicible
me révéler
le secret des secrets
me parler
 ..en silence
jusqu’à ce que les mots
..s’évanouissent

Tu m’invites à danser
Je cherche dans ton corps
le sens de mes sens
Je ressens en ta présence
paix et quiétude
Attachée à toi
toujours je suis
comme si tu étais
la terre
que je n’ai jamais
quittée

Ma
 journée
ne compte plus
que
 tes heures

 

Un vent paisible
nous transporte dans les hauteurs
les fleurs nous escortent
par l’odeur
les oiseaux entonnent un chant
repris par étoiles et lune
en chœur
Dans les sphères célestes 
nous devenons table d’hôte
des rêves et espoirs
des êtres 
et des univers


Ô éternel instant
Prends moi
ton ultime refuge 
habité par la passion
meublé par le désir

 

 


Dès que je tente
de percevoir mes sens
Je me trouve déchirée
entre toi et moi

Tu es le verbe de ma vie

Tu es la lettre
qui transcende l’oubli
Tu es ma moitié
sans laquelle
je ne suis
ni
moitié
ni
totalité

tu es l’instant
qui totalise
l’éternité


Les quatre vents
de la passion
soufflent fort
Le désir me dévaste
de tous les côtés
Un élan de tendresse
m’envahit le cœur
et s’infiltre dans mes sens
emportant
les derniers débris
d’une rancœur héritée
des temps ébréchés
par ton absence

Je conserve ma solitude
jusqu’à nouvel ordre de toi
      
Loin de toi
le temps torturé
agonise
dans la lenteur
la parole offusquée
se noie
dans le silence

Que deviendrait mon écoute
sans tes propos

Ta parole
est le couronnement
de mon entendement  
Je t’aime
d’un amour
sans définitions ni héritage
sans métaphores ni semblance
sans traits ni visage

Je t’aime
de tout l’amour
contenu dans l’amour
et
de toute la passion
déposée en puissance
dans tes profondeurs

Figée devant ton rivage
Je rêve que mes vagues
te jettent écumé
pour t’essuyer
de mes regards
  

Je te scrute
et te dévisage
je ne te vois pas
pour l’instant
car
je suis en toi

La lumière
me
reproche
ton absence

Altéré est le temps
qui altère notre union

Muets sont les propos
qui ne parlent pas de nous

Intrus est le mot
méconnu du langage de notre amour

Insensée est l’expression
non censée exprimer notre passion

Aveugle est toute vérité
qui ne perçoit notre vérité 

Tu es la source de mon bonheur
J’ai peur qu’elle ne tarisse
par les sévices de l’attente

Le monde tombe dans le factice
et se retire sous mes pas
la joie en supplice
démissionne
refusant de rester complice
du délit de ton absence
Mais
par et pour
ton amour
je défierai affres et souffrances
J’élaguerai les protubérances
de ma douleur
par tes ciseaux lumineux
de ton bonheur

Autour de moi
tu répands tes attributs
tu en choisis certains
pour faire don 
aux indigents

Dans ta générosité
illimitée
plus tu donnes
plus tu gagnes
 
le monde a d’autant besoin
de tes qualités
qu’elles se multiplient
à profusion

Seul 
le breuvage de ton savoir
étanche mon tourment
jusqu’à l’enivrement

je rêve de fondre en toi
jusqu’à l’anéantissement
pour qu’un être
de nous se lève
et
des passionnés
de tous les temps
il prenne la relève

Tu t’élargis
pour embrasser
mes climats étendus
par le désir 

Ô  beau ciel
Féconde
la verdure
de chaque parcelle
de ma terre
de  l’azur de ta connaissance
et
de l’immaculé de ta sagesse

Tu es l’éclat de ma vie
et de mes rêves

J’orne mon visage
de tes traits
Pour paraître plus belle

Ma seule richesse
Mes mots
Ô mes maux
Dans mon cœur
tourment
Dans ma bouche
rétablissement

Ma seule richesse
Mes mots
Ô mes maux
Pauvres de vous
vous êtes si impuissants

Mon mot
Ô mon mot
Accours
à mon secours
Sculpte
le nom
de mon amant
dans la langue
des passionnés
Plonge
le souvenir évanescent
de notre passion
dans l’éternité

Ni
ta présence
 me réjouirait
ni
ton éloignement
 m’infligerait
Puisque
tu es toujours
 en moi

Je te ramène d’un imaginaire enfoncé dans la distance
Je te plonge dans un temps que je voudrais atteindre
trop tôt ou trop tard
Je te ressuscite un homme à mon image
et te dote de mes attributs les plus enviables
Je ravive en toi un cœur qui vit de mon amour
et en meurt
J’arrache de l’arbre de ma vie tout instant
qui ne t’est pas d’un souvenir redevable
Je viens vers toi vêtue de mes années les plus heureuses
à l’âge d’un enfant touché par les doigts de la muse      
jouant au seuil des tes sens cachés et apparents
un jeu non à l’abri des tourments

Au départ
je n’avais qu’une envie
de te contenir
jusqu’à l’aveuglement
Mais
tes mots haletants
ta voix qui suggère plus qu’elle ne dit
ton alphabet déconcertant
submerge mon cœur
dans l’océan de ta connaissance
je m’y noie
sans espoir de survie

    .. L’heure est crépusculaire
Je tire les rideaux sur l’autre et l’ailleurs
J’allume une bougie
 Une frayeur intime avance 
         à pas
               certains..

Je me retranche de moi
et m’enlise en toi
Souvenir devançant les souvenirs
Je plonge au tréfonds de mes fonds
à la recherche
de l’énergie insoupçonnée
par toi en dépôt laissée
Je ploie la distance qui nous sépare
et te ramène de toi vers moi

Je t’invite à ma retraite
Sitôt
ta présence dissout mon absence 
Tu te mets face à moi
Ta beauté foudroyante 
m’éblouit
au point de glisser dans l’inconscience
Je sollicite le voile de la distance
afin que l’éclat de ta lumière
ne pénètre mes ténèbres
jusqu’à la calcination
et n’emmure mes sens
jusqu’à l’altération

Je ferme mes portes
romps tous les liens
et m’accroche à toi
Avec toi
cœur et âme se réconcilient
et pardonnent mon corps trahi
par la langueur des sens
Dans l’étreinte de la nudité
l’obscurité nous enveloppe
tendrement
jusqu’à la transe
Je te dépose aux confins de mes rêves
et la nuit se fait  plus douce
Délicatement
tu t’infuses dans les régions inexplorées
de mon sommeil
Onctueusement
 je me réveille
          ..dans ton rêve

- Que deviens-tu ?
- plus que désir et passion
- où es-tu ?
- toujours en toi.

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