Abdelouahid Bennani

Ce recueil de poèmes « Les sirènes de la Méditerranée » nous présente le concept de l’amour avec toutes ses diverses visions du monde et ses dimensions profondes envers ces mêmes visions, mais en insistant sur la présentation d’une image très humaniste de l’amour.

Car malgré que cet amour là ait pris le visage de la femme, comme symbole presque unique dans sa totalité, il a essayé de temps à autre de faire de ce même visage, un symbole qui dépasse les limites de la signification féminine pour présenter l’amour humain tout entier.

Ce qui donne au concept de l’amour une dimension générale où toutes les limites entre les personnages, les espaces et les temps s’effacent d’elles mêmes, pour laisser le chemin libre au concept de l’amour afin qu’il puisse paraître avec toute sa lumière soufique, platonique, qui se concentre sur les efforts de l’âme d’une part, et qui s’appuie aussi sur la beauté du corps avec toute sa lumière épicurienne et érotique, d’une autre part. 

En plus, cet amour là, est un amour profond qui possède une richesse culturelle très forte, qui l’aide à dépasser son état indigent, en plongeant dans les eaux de l’universalité.

Un amour qui part de la mer pour y retourner encore, qui part des rivages de la Méditerranée pour parvenir aux rivages de l’Océan Atlantique.

Un amour qui jaillit à profusion à partir de tous les puits marocains pour irriguer tous les champs des passions, qui se trouvent au Canada. Cet amour ardent qui est né à Casablanca et qui est bien élevé à New York, en passant par Paris et Londres.

Ainsi se succèdent les poèmes de ce recueil : Un poème derrière un autre. Tout poème décrit, ou plutôt peint, une flamme de cet amour humaniste déferlant dans tous les coins du monde.

Dans le poème « Le maître des amants », on trouve que le poète appelle les gens à l’adoption de l’amour qui s’est constitué sur l’abnégation de soi. On le trouve aussi, dans le poème « Fleur de mon âme » qui convie sa bien-aimée à laisser son faux orgueil et à le suivre dans son isolement mythique, pour que leur amour prenne sa vraie dimension humanitaire.

Car aimer quelqu’un, comme l’a déjà mentionné Jean-Pierre Richard, c’est deviner en lui cette fraîcheur comme un reste d’enfance, et du même coup, se rendre digne de faire revenir vers soi cette fraîcheur, de s’en rajeunir et d’être aimé.

L’amour heureux provoque ainsi une émanation de la jeunesse, un commun retour à l’origine, un réveil du feu par le feu. De la même manière, le poète décrit dans son poème « La jeune fille aux pieds nus » le plaisir de l’amour bâtit sur la pure affection à partir de laquelle le bonheur enflamme les cœurs des amoureux. Dans un autre poème intitulé « La fugitive », il présente une image très vive de la souffrance de deux amoureux qui viennent de se séparer, pour montrer aux lecteurs que l’absence de l’amour n’est qu’une autre image très forte du malheur humain.

Dans « Le lys rose », le poète parle des effets destructeurs de la jalousie, à partir d’une histoire d’amour dont l’héroïne a laissé tomber son premier amant pour rejoindre un autre, sans jamais penser que le premier puisse la tuer à cause de sa folle jalousie.

Le poète a bien réussi à remettre en mémoire, dans ses lecteurs, d’autres histoires d’amour dont la jalousie joue son triste rôle. Telle l’histoire d’Othello (L’Anglais) et celle de Dick El Djinn (L’Arabe). Mais il en profite aussi pour présenter une autre vision non tragique du monde. Une vision pleine de tolérance et de compréhension envers les autres. Ces autres qui ne sont pas toujours l’enfer. 
    
Ce regard qui est bien tiré du patrimoine du soufisme dont l’amour est égal à l’acceptation de l’autre avec tous ses pêchés.

En somme, le poète présente avec une profondeur poétique toutes les images possibles d’un amour ardent en employant les techniques du rêve et de l’illusion. Ces techniques que les surréalistes ont bien maîtrisées dans leurs poèmes pour créer un monde différent qui n’appartiendrait qu’à eux.

Un monde dont le « moi » devient le « tout », c'est-à-dire que la vision n’exprime plus le sujet et le « moi », mais exprime bien ce « moi » à travers le sujet. Ainsi le trouve-t-on dans son poème « Un beau rêve » se rappelant l’image de sa bien-aimée dans toute sa limpidité féminine, pour présenter à travers elle les sentiments de son amoureux qui n’est que lui, et les battements de son cœur.

Et comme dans tous les rêves, surtout dans ceux qui se terminent bien, on trouve que les deux amoureux (Le poète et sa bien-aimée), peuvent trouver le bonheur souhaité. Suivant le parcours de ce poème qui est plein d’amour et de volupté, le poète décrit dans un autre intitulé « Nuits d’amour » le jeu des amoureux dans sa profonde intimité.

Ce qui représente une grande audace littéraire dans un monde resté clos malgré les signes de la modernité. Aussi bien dans la liberté, l’absence, le défi, la ruse et dans d’autres émotions et passions telles que la jalousie et la vengeance.

Pour en finir, on trouve que ces poèmes sont bien ouverts pour qu’on puisse pénétrer le monde poétique universel, en créant son propre univers. Cet univers qui est construit par une plume libre et courageuse, qui ne voit dans ce monde là que la beauté des choses et le charme des êtres. Car le grand art en général, et la poésie en particulier, ne sont, apparemment, fuite devant le réel que pour être invasion dans l’essentiel, comme avait dit Pierre-Henri Simon.

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