Poème d’Amal Nawwar

Traduit de l’arabe par
Monsif Ouadai Saleh

Dans le cristal errante en toi je t’ai vu
de la fenêtre de ton passé
Je convoite ton ciel
j’ai vu avant de naître
embryon azuré
mon cœur nager dans tes entrailles.

Si je n’étais  brin de paille
habitant ta voix lointaine
gazelle sacrifiée aux gémissements du fer
mes oiseaux n’auraient pas frémi
à la résonance de ton nom
comme s’ils étaient la mort
pénétrée de nostalgie.

Je t’aime
depuis que les marteaux en échos
se sont écoulés sur ta joue
depuis que le soleil t’a emporté dans sa sénescence
fouillant les âmes soufflées en toi par la vase
depuis que les astres
et toutes mes directions
le nord dans ta main
t’ont enveloppé
j’étais dans ton néant alors que tu n’étais
que simple azur de probabilité
mes pulsations en toi coquille  de l’âge glaciaire
nos baisers furent conçus diamant.

Je t’aime
ne m’interroge pas sur la longévité de ma mort
ni la durée de ma vie
la verdure du feu habite désormais la mémoire du vent
lis-moi entre deux feux
imprègne tes plumes de l’essence de mes profondeurs
souviens-toi…
noyé tu étais dans la braise de mes sources
planant de ciel en ciel.
 
Je t’aime
avant que soit surgi de ton sommeil l’encre éveillé
et avant tous les  gisements et toutes les essences
j’étais petite
et je bois le lait des tes fruits immatures
par un fil je fais voltiger tes idées

combien de fois nous avons couru dans les arcanes des rues
derrière nous les papillons du sel et de l’eau
le pain de nos tourments nous le portons ardent dans nos corps
comme si nous les avions sacrifiés à l’océan
nos cœurs sont devenus des paniers suspendus.

Je t’aime
peu importe si je t’ai vécu dans une vie ou dans une mort
je suis un rêve sans rivages
et mes vagues foncent à reculons.

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