Dina Kabil

Mansoura Ezzeldine
L’œil androgène de l’écriture

XXXXXXXXXXMansoura Ezzeldine est née le 22 mars 1976. A l’âge de 20 ans, elle commence à publier ses écrits dans la presse. Dès l’obtention de sa licence en communication à l’université du Caire, en 1998, elle devient une des journalistes de la revue hebdomadaire Akhbar al Adab. Elle s’occupe aujourd’hui de la rubrique Livres dans le même magazine. Sa première œuvre publiée en 2001, Doue Mohtaz (Lumière vibrante) a été vivement applaudie par la critique. Notamment parce que son nom est lié à ce que le critique et écrivain Edouard Al-Kharrat a appelé le «phénomène des jeunes femmes écrivains de la génération des années 90», y figurent les noms de Maye el Telméssany, Miral el Tahawy, May Khaled, Nora Amin, Nagwa Chaaban, Amina Zidane ... A l’encontre de la plupart de ses écrivaines, l’écriture de Mansoura Ezzeldine n’a pas comme objectif prioritaire celui de briser les tabous imposés à l’écrivain femme, ni de révéler les dilemmes de l’autocensure. Certains ont même qualifié son écriture de «masculine» vu le regard rugueux qu’elle porte sur le monde et l’expression de la violence qui habite son oeuvre, mais sans doute serait-il plus pertinent de parler d’écriture androgène, une écriture qui ne renvoie pas à l’expérience personnelle en période d’abandon des grandes causes et des grands rêves. L’écriture de Mansoura Ezzeldine est une interrogation incessante en quête d’inconnu.

L’auteure a également publié Matahet Mariam (le labyrinthe de Mariame), aux éditions Merit en 2004 traduit en anglais aux éditions des presses de l’Université américaine en 2008, et Warae el Fardouss (Au-delà du paradis), aux éditions al-Aïne en 2009 qui lui a valu la nomination dans la courte liste du Booker du roman arabe.

Ahmed al-Aïdy
Je ne veux plus écrire de romans

En 2003, Ahmed Al Aïdy publie Ann Takoune Abbas el Abd, aux éditions Merit chez l’aventurier Mohamed Hachem, qui a soutenu nombre de jeunes écrivains depuis la fondation de la maison d’édition en 1998. Un succès inouï a accompagné le roman qui a ouvert la voie à une écriture provocatrice : contre le repli sur soi, il propose des « moi » en parallèle, une schizophrénie double de quatre personnages qui se déplacent dans l’espace du dépaysement par excellence et de l’instant globalisé, qu’est «le Mall», sorte de méga complexe commercial. Des personnages emprisonnés dans le monde virtuel du chat, de l’internet et du cellulaire.

En 2009, il publie, non pas un roman, mais un recueil de poèmes en dialectal égyptien Eshq Sadi (Passion sadique). Entre ces deux dates, Ahmed Al Aïdy (né en 1974), qui a reçu le prix Sawirès pour le roman en 2006, a mené plusieurs activités, il a participé avec un groupe de jeunes à une série de comics sarcastiques entre 1999 et 2000, puis a collaboré à des ateliers d’écriture satirique pour la télévision ; en 2005, il a composé un duo réussi avec le caricaturiste Abdallah Ahmed et ils ont présenté un strips politique « Boka, Souko et Monss » dans le journal hebdomadaire, Al-Dostour (Journal indépendant dont le lectorat est composé en majorité de jeunes). Il a travaillé pour le cinéma en écrivant des scénarios pour des longs métrages, et à signer également un court métrage à succès, réalisé par Ibrahim Abla, Al-Hobb fi Zaman al Kolla (L’amour au temps de la colle) en 2008.

Ces activités créatives multiples seraient-elles un réservoir d’inspiration pour un futur roman que nous concocterait Al-Aïdy ? La réponse est non : « je ne veux plus écrire de romans », affirme l’écrivain qui réside actuellement au Qatar et travaille comme éditeur à la Fondation Bloomsbury Qatar foundation Publishing. «C’est passionnant quand on est absorbé par l’écriture d’un roman», poursuit-il «mais son interruption est dérangeante. Je vis comme un enfant qui joue, s’appuie contre un mur et à chaque fois fonce et découvre un univers nouveau. » Et de conclure : « En Egypte aujourd’hui la réalité politique et sociale est plus forte que toute fiction romanesque ».

Ihab Abdel Hamid
L’écriture est une expérience très personnelle

Né en 1977, Ihab Abdel Hamid a obtenu une licence de lettres anglaises à l’Université du Caire. Dès son premier récit Oshaq Khaeboun (Des amants maladroits), publié après un premier recueil de nouvelles en 1998, il reçoit le prix Sawirès pour le roman en 2007. Son recueil de nouvelles Qamiss Hawaï (La chemise de Hawaï) vient de recevoir le prix Youssef Idriss pour la nouvelle, décerné par le Conseil surprême de la culture. Sa passion pour la langue anglaise lui a ouvert l’univers de la culture occidentale, il s’est imposé ainsi comme traducteur avec la publication des deux tomes de Sex in History de Reay Tannahil. Il est un opposant acharné de l’idée des générations. «L’écriture est une expérience très personnelle», dit-il. «Le fait de classifier les écrivains est surtout l’initiative des critiques qui veulent répertorier les textes. Mais, l’écrivain reste un individu face au monde et non pas face à une génération.»

Pour lui, l’écriture reflète son expérience, ses lectures, son interaction avec la rue et avec le Twiter également, et surtout l’incarnation de ses rêves et de ses cauchemars. Ainsi dans La chemise de Hawaï, il intègre l’étrange et le fantastique au cœur du réel d’une manière naturelle. Le héros de la nouvelle qui porte le même nom que le recueil, endosse une chemise de Hawaï qui le transporte à chaque fois dans un univers nouveau. Mais cela n’émane pas de la recherche du merveilleux et du surnaturel, il s’agit plutôt de poser des questions existentielles sur la quête de l’individu, ou de la question éternelle du Choix qui se pose à l’homme aujourd’hui.

Mohamed Kheir :
L’écriture c’est ma façon de retrouver mon moi intime

Né au Caire en 1978, Mohamad Kheir est poète, nouvelliste et journaliste. Il a déjà publié trois recueils de poésies : Leil kharégui (nuit externe) en dialectal égyptien, en 2002, Paranoïa en 2008 et Hadaya al-wehda (présents de la solitude) en arabe classique en 2010, le tout aux éditions Merit au Caire. Il a aussi publié un recueil de nouvelles intitulé Afarit al-radio aux éditions Malameh en 2008. Son œuvre diversifiée, il l’explique par ces mots : «Je pense que l’évolution et la tendance expérimentale de la poésie vers le poème en prose, les tentatives de sortir des arts narratifs de la notion classique du récit, tout cela a contribué à rapprocher les genres littéraires notamment le poème et la nouvelle ». Quant au moteur de l’écriture chez lui, Kheir part de l’écriture pour déterminer ses décisions, son comportement et ses aspirations « C’est ma façon de retrouver mon moi intime, de le connaitre. Si je n’étais pas écrivain, je pense que je serais comme quelqu’un qui a perdu sa mémoire et qui devrait recommencer de zéro ».

Mohamed Salah el Azab :
L’écriture est un petit gamin qui joue, tout nu, durant la journée et n’obéit jamais aux autres.

Mohamed Salah al-Azab est né en 1981. Malgré son jeune âge, il a déjà publié un recueil de nouvelles et quatre romans, et récolté des prix en Egypte, au Koweït et aux Emirats Arabes Unis.
Il a commencé par un recueil de nouvelles, Lounoh Azraq Bi Tariqa Mohzena (Sa couleur est bleue d’une manière triste) aux éditions du Conseil suprême de la culture, qui dépend du ministère de la culture. Puis s’est dirigé vers les maisons d’éditions privées en publiant quatre romans dont Woqouf Motakarer (Arrêts fréquents) qui est sorti aux éditions Merit en 2007, puis a connu de nombreuses rééditions aux éditions A-Shorouk. Il a publié son dernier roman chez le même éditeur, en 2010, Sidi Barrani.

L’écriture, il la compare à un jeu, « dès qu’elle perd cette qualité, elle devient semblable aux pamphlets politiques ou à la une des journaux. J’ai commencé l’écriture par amour pour ce jeu, sans avoir la moindre idée des possibilités de la publication, j’étais passionné par les livres et j’ai voulu en faire autant, et je l’ai fait», explique-t-il dans un entretien au quotidien As-Safir. Les règles du jeu impliquait une connaissance des univers les plus diversifiés et les plus contradictoires pour les intégrer dans son œuvre. L’ironie était un trait dominant qui se mêlait avec la conscience de la maturité dans Arrêts fréquents, le fantastique et l’érotique dans Le lit de l’Italien, et avec une écriture soufie dans Sidi Barani. Dans le blog qu’il a crée, Al-Azab affiche son ironie vis à vis des générations littéraires, et donne comme slogan à son blog cette drôle de devise: «L’écriture est un petit gamin qui joue, tout nu, durant la journée et n’obéit jamais aux autres».

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