M’barek Housni

Existence

Il est moi
Je suis lui
Nous sommes l’un et l’autre
Ou bien, qu’on le confesse
Nous ne sommes ni l’un ni l’autre
Ni lui ni moi.
Rien qu’une présence juste
Qui continue
De conjuguer le verbe être
En tout lieu, toute terre.

Mon coin

Mon coin si proche qui m’éloigne
De moi pour que je puisse
Vers la fin du soir
A la tombée de la nuit
Etre en moi.
Mon coin qui recueille
Mon corps déchiré
Par le soleil du jour, la pluie des temps
Mon  coin où mon âme
Sans nom, sans appui
Vient prier dans la pénombre du bar
Au milieu du brouhaha des saints poivrots d’un soir
Dans le tumulte doux des verres
Qui s’entrechoquent
Tels des pas d’une demoiselle courant vers l’amour
Tels des rires d’une sorte d’eden.
Moi  gentille vermine,  serpent vieilli, lion sans dents, pou d’homme
L’hypocrite brûlé sur les tertres de l’écart.
Je viens presque heureux
Bien consentant
Très confiant
Mais si peu amène.
Je viens me dire, me faire, me refaire, me contredire, me contrefaire.
N’être qu’une ébullition
De paroles, pensées, cauchemars d’éveils, fantaisies bavardes,
Un long fleuve trompé, trempé dans le fief
Ensanglanté du désir assouvi dans le refus.
Majesté, mon bar mon coin,
Lieu de la tranquille clémence
Fantasia que l’œil retourné par la béatitude suit
Mais où le baroud est bière
Mauvaise, pisse, jaunisse.
RIEN  QU‘UNE MER DE VAPEURS SANS MOTS.

Apparition

Tu étais là
Sur le banc solitaire
Ce dimanche matin.
De l’air souriait dans tes jupes
Il y avait aussi dans tes yeux
Une plage de rire
Et je suis venu
J’ai marché vers toi
Espoir ailé, comme rêve.
Mais ici en s’approchant,
Sur le banc solitaire
J’ai trouvé juste une rose renversée
Alors j’ai su
Ce dimanche matin
Que le temps
Toujours déjoue la vie
Ma vie.

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Casablanca comme si Beyrouth…

 

A Joumana HADDAD

Elle tombe la tête
Sur la table ronde et noire
Du grand damier du monde
Après la danse de la tristesse
Elle est quittée,
Elle est balancée
Recroquevillée,
Peut être rétamée
S’éteint lentement
L’étoile dans la main
Vilenie  que le regard chagrin
Bêtise que la larme entre les pieds
Fadaise que le triste air,
Les mouches, eux, heureux
Glapissent au-dessus du ventre sombre
De tant d’eau noire
Les mouches dansent
A la vie
La mort de la frugalité,
Cette autre face
De l’amour discret
Mais néanmoins voyant
Jusqu’au là de part la seule
Œil encore éveillé,
Et la rose
Oh la rose va s’infléchir
Lentement courbée
Comme pour saluer
Pour sa dernière apparition 
Sur la dalle rouge suspendue
Rescapée,
Suffit-il de rester là
Ou ailleurs, la bas
Ou ici même ?
Tandis que le feu
Déhanche la vie debout.
La mort de la virevolte
De l’acier embrasé
Qui pilonne
Arrose les murmures doux
De sa salve tonitruante,
L’entaille est de taille
A descendre le rire
Dans le creux
Des trottoirs, des murailles
Et dans les gorges dociles
Des petites filles
Des villages voisins,
Ça parvient tout pâle
A Casablanca, près de l’océan
Casablanca qui lape son petit verre
Or déjà seul Beyrouth lape
Sa fumée d’apocalypse
Agonise
Descendue
En plein après-midi,
                                    Je suis l’homme à la tête tombée sur la table noire et ronde du café que tu connais qui t’a vue passer le jour du grand soleil de la corniche allongée serpentant les affres torrides du brasier déclenché à l’insu du corps resté assis dans la tourmente de la brûlure, la brisure, de son sang effusif.
                                                     Lilith pardon.
                                                     Pardon.
Voilà  que se dégage la main
Molle,
Détachée,
Inconnue,
Une main indifférente.
Tombe le verre en éclat
Se répand la sève
Se refuse l’écriture
Dans l’arrêt subi
Subitement.

 


 

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