Amel Nawar
(Liban / U.S.A.)

Traduction: Essia Skhiri

Amel NawarFerme tes yeux pour que tu m’éclaires
Pour que tu épelles en moi
La source quand elle est embryon
Ecrite avec l’effacement
Et mes ombres
Ils enveloppent les sensations de la rivière
Un papillon du feu que la glaise ne distingue
Ferme tes yeux et fourre du khôl dans ta vision
Je ne suis que braise bandée avec la prédiction
Et comme la mer
Alors que j’engloutis le soleil, j’obscurcis
Et si ton visage devient brumeux
Et il suinte du lait de l’insomnie sur une nuit
Où se heurtent les sens des oiseaux avec l’aveuglement
Que tu le saches
Tout ce qui t’a assailli de ma vie
N’est que la soif d’un baiser
Qui a vieilli sur mes lèvres
Pour que de son vin
Il récupère la jeunesse de ton pinot
Explore dans la branche la sève des mots
Du sang des forêts arrose mon égarement
Pour que je perçois dans une pluie
Sonde ce qui verdoie et ce qui est rigide en mes fonds
Imprègne toi de ma compassion
Jusqu’à ce que ta mémoire soit comparée à mon oubli
Comme une masse de mouettes, t’expectore le vent
Mes flèches ne t’atteignent point
Sauf la saveur de l’éther
Ton astre ne s’éteint jamais
Lorsque tu braques ton soleil sur le mirage
Si tu me vois avec ton cœur alors tu me vois avec mes yeux
Comme si de moi, tu es tout ce qui est déclaré
Et moi je suis la sécrète, je suis toujours la dissimulée
Comme si tu es moi
Alors que je ne suis que mon ombre
Les oiseaux de mes rêves vont t’obtenir dans mon sommeil
Et tu vas croire que tes pulsations sont leurs nids
Et que c’est toi qui les as élevés
Et tu es celui qui avec leur vol
L’air du monde, tu as tissé
Et je vais te voir ne m’apercevant dans le livre d’hier
Qu’un appât imaginaire d’un hameçon
Je retiens les larmes de la mer
Et je vais m’épuiser
Comme une eau qui meurt dans l’eau
Et je vais me croire être survivante
Alors comment meurt celui qui s’imagine être vivant
Le feu va s’effacer de la mémoire de la cendre
Et ça ne va point être cendre
Seulement des sentiments qui ignoraient
Comment va s’épanouir de son souvenir des fleurs
Et tu cueilles la mort de son alentour
Et tu vas extraire le sens de son exégèse
Le monde est une prison
En dehors des murailles de ta vision
Je te supplie de m’enfermer dans ton cœur
Pour que se plante sur mon corps une aile de soie
Je te supplie de me captiver
Pour que tu libères de mes fonds cette cage
Je te supplie de fermer sur ma douleur
Les issues des jours
Pour que je me vive seulement avec tes moyens
Aucun sentiment ne croît en moi qu’avec ton pain
Et avec ma féminité ne se complète une lune
Sans que je ne me vois la réflexion de ton esprit
Sans le tournoiement de ton regard et sans ton évasion
Ma vie est toute une attente
Qui ne s’évalue qu’avec la densité de la poussière
Comme si je suis la seule vérité dans ton illusion
Du moi dans la mémoire du soleil
Alors qu’est ce que ça signifie
Que nous vivons dans la prunelle du monde
D’où se retirent nos grottes
Pour qu’elles se transforment dans nos fonds
En regards des orphelins
Je te supplie
De fermer sur mon âme tes portes et tes raisons
Pour que tes sens saisissent l’ardeur intense
Chaque fois qu’avec tes chaînes tu me brises
De toi suinte une huile sacrée
Je te supplie et ma supposition
Qu’une aube va s’amasser sous ta peau
Et que tes doigts vont être sur le spectre clos
C’est le ciel qui se pose sur ton épaule
Lorsque l’oiseau en toi devient impuissant
Je te supplie et je pense qu’il
N’y a pas de plus chaleureux qu’un attouchement
Du loin d’un soleil
Que tu le saches
Que sur un lit très lointain je me réveillerai
Une plaie rayonnante
Après la douceur d’un rêve incisé

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